La bataille de tannenberg

15 JUILLET 1410

 


(Egalement connue sous le nom de : Bataille de Grünwald ou de Zalgiris)













D’après l’œuvre  « Samogitia »(1975), du Colonel Charles Louis.T.  Thourot Pichel, historien et écrivain  franco-américain (1890-….).

Traduit et adapté par Pierre Gochtovtt, le Samogitien de service (16.10. 2008).



Après que les Samogitiens eurent infligés aux Chevaliers Teutoniques des pertes très sévères, lors de leur insurrection furieuse et victorieuse en 1409, certains pays voisins, très bien informés des détails des batailles entre ces deux belligérants, pensaient que la puissance et l’organisation des forces des Chevaliers Teutoniques étaient mise à mal avec peu d’espoir de rétablissement.


Motivés par cette appréciation ces pays voisins se rangèrent dans l’opposition à la sphère d’influence des Chevaliers Teutoniques.


C’est une telle disposition que prit Jogailo (Jogaila, Jagiello,Jagellon) le Roi de Pologne, calmant les Principautés de Poméranie et s’attribuant le titre additionnel de : Prince de Poméranie, ce qui provoqua la colère des Chevaliers de l’Ordre qui regroupèrent rapidement leurs forces et attaquèrent la Pologne.


A cette époque la Pologne n’avait qu’une petite armée permanente, car la Noblesse polonaise était plus intéressée par le profit que lui procurait ses transactions commerciales, que par la participation à des affaires militaires couteuses dont elle ne pouvait dégager le moindre profit.


Les Chevaliers de l’Ordre se saisirent des forteresses polonaises de Driesen et de Santoch ce qui provoqua une réduction notable du commerce maritime polonais.


Le 6 Août 1409, Ulrich von Jungingen, Grand maître de l’Ordre Teutonique, déclara la guerre à la Pologne et en dix jours attaqua et s’empara de la ville polonaise de Dobrzyn et de la forteresse frontalière de l’ouest de Neumark.


Le Roi de Bohème Venceslas IV (Wentzel-Vaclav)  offrit ses services en vue de résoudre le conflit polono teutonique. Un traité d’armistice fut signé le 8 Octobre 1409, il devait durer jusqu’à la Saint Jean (24 Juin 1410).


Le Roi de Pologne Jogailo se rapprocha de son cousin Vytautas le Grand, (Vytaut, Witold), Grand Duc de Lithuanie pour lui demander de l’aide. Vytautas répondit favorablement d’aider Jogailo, considérant  lui aussi l’armée teutonique comme très affaiblie.


Durant « l’armistice », les deux parties engagèrent de vigoureuses campagnes diplomatiques et de recrutements à l’étranger tout en préparant à l’intérieur l’amélioration de leurs capacités militaires.


Les intrigues diplomatiques qui se nouèrent durant cette période n’ont pas eues d’équivalent dans l’histoire.


Comme le temps passait la situation devint si compliquée par les engagements pris de part et d’autre que l’on peut se poser la question de savoir si chacun pouvait réellement compter sur chacune des parties sollicitées.


L’Ordre Teutonique interrogea Vytautas sur ses intentions. Vytautas avec son attitude « de vouloir le blesser par excès de bonté » l’informa que Jogailo lui avait demandé de n’engager aucune action militaire avant la Saint Jean et que lui avait également  demandé à ses sujets de respecter la paix.


Les marchands allemands fournirent des fonds généreux aux Chevaliers Teutoniques dans l’espoir que ceux-ci dévasteraient Cracovie, grand centre commercial polonais et leur permettraient ainsi de contrôler la future voie commerciale entre l’Est et l’Ouest de l’Europe.


Le Roi Ruprecht I° (1398-1410) d’Autriche (de la Maison de Heidelberg), le Roi VenceslasIV (1376-1419) de Bohème (Wenzel-Vaclav de la Dynastie de Luxembourg) et le Roi de Hongrie, Sigismond de Luxembourg, (1387-1437 Roi de Hongrie et Empereur du Saint Empire Romain Germanique)  manifestèrent leur support à l’Ordre, influencés en cela non seulement par leur amitié pour leurs voisins allemands, mais surtout par la générosité de l’Ordre à leur égard. Le Roi Venceslas VI reçu de l’Ordre 60.000 florins en remboursement de leur couteuse et amicale médiation.


Venceslas se portait garant des Pactes conclus avant la guerre, de même que du tracé des frontières, attribuant de plus Dobrzyn à la Pologne et la Samogitie à l’Ordre.


Aucune des parties ne voulut aider ou considérer les problèmes des  païens Samogitiens (ou Sarrasins-Saracens, comme on les dénommait alors), pas plus que d’utiliser les services de ces derniers.


Cette situation mis Jogailo dans une position intenable, car l’Ordre savait que le Roi de Pologne ne pouvait accepter que la Samogitie lui soit donnée. Jogaila manifesta sa totale désapprobation pour une décision contre laquelle il ne pouvait rien si non de l’accepter.


Le Roi Sigismond de Hongrie supplia l’Ordre de rester ferme dans ce conflit,  le poussant  par ailleurs à négocier une alliance « défensive-offensive » avec lui. Dans ce cadre le Roi Sigismond recevrait 300.000 ducats et devrait attaquer la Pologne par le sud à l’expiration de l’armistice.


Les troupes mercenaires de Sigismond seraient payées par l’Ordre et après la guerre victorieuse……l’Ordre recevrait : la Samogitie, le Lithuanie, Dobrzyn et Kujawia, alors que Sigismond recevrait : la totalité de la Pologne, comprenant la Moldavie, la Podolie et la Galicie-Ruthénie.


Une clause du pacte stipulait que Sigismond n’entrerait en guerre que si le Roi de Pologne en venait à utiliser les « païens » (à savoir « les Samogitiens »), dans le conflit qui les opposait.


En Mars 1410 l’Ordre versa 40.000 florins supplémentaires au Roi Sigismond.


De leur coté Jogailo et Vytautas essayèrent d’attirer à eux, (ou en tout cas de neutraliser sa position) le Roi Sigismond. Ils allèrent à Kesmark en Hongrie pour avoir des entretiens avec Sigismond, mais pour des raisons inexpliquées la noblesse de Pologne dissuada Jogailo d’y aller.


Vytautas se rendit donc seul en Hongrie, accompagné par des experts Lithuaniens et Polonais. Vytautas crut en l’assurance donnée par Sigismond, que la paix serait maintenue, et de son coté Sigismond persuada Vytautas qu’il lui offrirait la couronne royale s’il acceptait de s’allier à la Hongrie dans un conflit contre la Pologne. Vytautas refusa l’offre et lors de son départ (alors que la ville fut à moitié détruite par un incendie), il échappa de peu à la mort alors qu’il était menacé par une foule de Hongrois.


Vytautas rejoignit Jogailo en Mai 1410, pour lui faire le récit détaillé de sa mission, et sur le chemin de retour en Lithuanie il échappa à nouveau de peu à la mort lors d’une attaque des Chevaliers Teutoniques qui essayaient d’intercepter sa suite, car il n’y avait pas de traité d’armistice avec la Lithuanie qui aurait pu interdire une incursion des soldats de l’Ordre.


Ces étranges événements sont très certainement l’indication qu’un complot coordonné visait à disposer de Vytautas.


Vers la fin du mois de Mai 1410 il devint évident que Vytautas le Grand était le coupable ou du moins la figure centrale de l’opposition à l’Ordre teutonique.


Vytautas émis des ordres de mobilisation à tous ses Gouverneurs et les plans de mouvement des troupes prirent effet immédiatement. Les routes et les ponts furent réparés, de la viande fut salée, séchée et/ou fumée, de même que des céréales furent stockées dans des bases sélectionnées.


Quand l’Ordre teutonique se rendit compte que la Lithuanie avait réalisé ses préparatifs de guerre alors qu’il ne l’avait pas encore fait lui-même, il proposa à la Lithuanie un armistice formel, valable jusqu’au soir du jour de la Saint Jean, ce qu’elle accepta facilement et ce jusqu’au 26 Mai 1410.


Par un trait de génie d’une brillante diplomatie, Vytautas parvint à neutraliser la branche livonienne (lettone) (Chevaliers Porte Glaive) de l’Ordre teutonique, en négociant un accord avec le Grand Maitre (Landmeister) Konrad de Vietinghoff, stipulant que chacune des partie préviendrait l’autre trois mois avant les prochaines hostilités.


Vytautas insista pour que l’Ordre livonien regarda du coté de Moscou qui venait d’être détruite par les Tatars, ces derniers pouvant s’intéresser aux territoires de l’Ordre si ces derniers n’étaient pas défendus.


Vytautas devint méfiant à l’égard de la noblesse polonaise, lorsque ses espions l’informèrent des lacunes dans le suivi des programmes de préparation aussi bien que de la non prise en compte des réactions des ennemis aux frontières. Il savait que des Emissaires de l’Ordre teutonique avaient rencontré Jogailo en secret et à plusieurs occasions pour des « pourparlers de paix ».


Les riches nobles polonais pensaient que le Roi Venceslas IV de Bohème rendraient un juste arbitrage dans le conflit les opposant à l’Ordre, si bien qu’ils devinrent très hésitant à poursuivre la moindre action qui pourrait les amener à la guerre.

Ils commencèrent à mettre la pression sur leur Roi Jogailo pour qu’il change d’attitude. Ils refusèrent de fournir à Jogailo les fonds nécessaires pour les préparatifs de guerre, continuant à reporter la mobilisation des troupes dans leurs districts respectifs.


Il est fort possible qu’à ce moment là, Jogailo aurait pu être renversé sans la présence de l’évêque Zbigniew Olesnicki qui l’assistait.


Le Grand Duc Vytautas surmonta les obstacles mis par la noblesse polonaise pour gêner les efforts de guerre de Jogailo. Il prêta d’importantes sommes d’argent à Jogailo pour que ce dernier puisse louer des troupes mercenaires de telle sorte qu’il put tranquilliser ses nobles inquiets, qui préféraient garder en Pologne leurs troupes pour défendre la mère patrie d’une invasion aussi possible des Chevaliers teutoniques que du Roi Sigismond de Hongrie.


Les actions de l’équipe du Grand Duc Vytautas étaient accomplies dans le plus grand secret. Sa dernière démarche fut d’inviter les Samogitiens à rejoindre ses forces sans que personne ne sache que ces « païens » devaient jouer le rôle principal selon ses plans de bataille. A sa connaissance aucune autre troupe ne pouvait être capable de manœuvrer au combat avec autant d’expérience que la cavalerie samogitienne.


Après avoir eu d’énormes pertes lors de la bataille de Vorskla, sans disposer de cette cavalerie samogitienne, Vytautas compris qu’il était impératif de l’avoir dans ses rangs s’il voulait une ultime victoire sur les Chevaliers teutoniques. Il pris d’extraordinaires précautions pour qu’aucun de ses amis tout aussi bien que ses ennemis n’apprennent ses plans d’utiliser les « païens » Samogitiens, dans la bataille, parce que cette tentative aurait très surement alarmé le Roi Jogailo, qui craignait qu’une telle solution n’entraine l’invasion précipitée de la Pologne par le Roi Sigismond de Hongrie selon les termes du pacte signé avec l’Ordre teutonique.


Vytautas eut les plus grandes difficultés à persuader les Samogitiens de se battre à ses coté dans la bataille à venir. Les Princes et les Anciens (Elders) de Samogitie hésitaient  beaucoup à lui pardonner ses actions anciennes menées au détriment de l’autonomie de la Samogitie.


(Les méthodes de Vytautas dans ce type de diplomatie sont exposées dans le livre de Henrikas Sienkievicius (Henrick Sienkiewicz) : « Les Chevaliers Teutoniques », « Avec Vytautas chaque chose est crédible, car c’est un homme très différent des autres et assurément le plus astucieux des dirigeants Chrétiens. S’il veut étendre son autorité à la Ruthénie, il fait la paix avec les Allemands ; mais lorsqu’il a réussi ce qu’il s’était fixé, il est à nouveau en selle et prêt à se battre avec les Allemands. Ils ne peuvent pas plus traiter  avec lui qu’avec une Samogitie malheureuse. Un jour il leur prend quelque chose, le lendemain il le leur rend…et non seulement il le rend, mais lui même les aide à anéantir leur ennemi. Il y en a parmi nous, oui, et en Lithuanie aussi, qui souffrent de ce qu’il fait avec le sang de ces malheureux »).


Les Anciens de Samogitie déclarèrent à Vytautas qu’ils n’avaient pas de Roi parce que le Prince Héritier n’était qu’un enfant et que suivant la tradition, seulement leur Roi pourrait les conduire à la guerre. Vytautas leur expliqua que sa mère était une descendante collatérale de la Maison Royale de Samogitie, et que par conséquent il était qualifié pour agir en tant que leur Roi dans la bataille et porter leur insigne. (C’est en fait ce qu’il fit et que confirment des gravures d’époque).


Quelques historiens lithuaniens utilisent quelques fois cet incident comme une proclamation de Vytautas pour devenir Roi de Samogitie, mais ceci est une assertion complètement erronée.


Pendant des siècles les Samogitiens ont préservés la coutume et la tradition de leurs  droits héréditaires à savoir que c’est l’enfant male le plus jeune qui doit succéder à son père le Roi. Cette tradition la plus respectée et la plus sacrée n’a jamais été perdue malgré les jeux de mots ou les fantaisies des historiens.


Les Princes Samogitiens et les Anciens, séduits par la persuasion de Vytautas, se laissèrent convaincre par son appel et finalement mobilisèrent 9.000 cavaliers et 1.000 hommes d’infanterie et un nombre plus réduit d’artilleurs pour opérer les 10 canons qu’ils possédaient.


Vytautas indiqua très explicitement aux Samogitiens que ni lui ni son cousin Jogailo n’étaient autorisés à les utiliser comme une part de leur armée respective de peur que les autres pays ne soient amenés à intervenir contre eux. Vytautas leur assura que dans cette bataille on se débarrasserait des ennemis de la Samogitie pour de bon.


Vers la fin de l’armistice les espions samogitiens obtinrent des informations sur la composition complète de l’armée teutonique. C’était toujours ainsi qu’ils agissaient lors de la préparation d’une bataille, et sur la  base de ces informations ils préparaient en conséquence leurs plans de bataille.


Vytautas en tant que Commandant en chef, des forces alliées, accepta les propositions militaires des Samogitiens, sachant que le site retenu pour la bataille donnerait aux Samogitiens la complète maitrise du terrain, leur offrant la possibilité d’attirer par ruse les Croisés dans un piège où ils seraient détruits. Vytautas était très confiant dans les espoirs des Samogitiens, se basant sur les nombreuses expériences qu’il avait eu avec eux lors de précédents combats. Il se souvint aussi que ni lui ni ses alliés n’avaient été capables de reproduire les techniques militaires des Samogitiens telles qu’elles étaient en 1399, lorsqu’il essaya de défaire les Tatars de Tamerlan (avec toutes les armées chrétiennes mais sans les païens Samogitiens) à Vorskla, bataille qu’il perdit.


Le secret couvrant les conditions dans lesquelles l’armée samogitienne devait intervenir dans la bataille, et qu’obtint Vytautas était que cette armée ne devait pas se distinguer  par des uniformes. Les Samogitiens devaient se tenir à l’arrière de l’armée lithuanienne, indétectable par ses propres troupes jusqu’au moment choisi. Les Samogitiens devaient se mêler aux  natifs du lieu et se comporter à la manière de pauvres paysans, fermiers ou bucherons.


Quand l’armistice pris fin le 24 Juin 1410, les armées des deux parties firent promptement mouvement en différents points pour franchir la frontière en utilisant différentes tactiques de diversions comme un rideau derrière lequel se développaient leurs vrais objectifs.


De nouveau une extension de l’armistice jusqu’au 4 Juillet, fut négociée dans un espoir de paix.


Dans les quelques jours qui suivirent le début des négociations, Vytautas montra une impressionnante manifestation de force. Il fit défiler les armées alliées, reparties chacune sous leur bannière non seulement pour impressionner ses invités mais surtout pour  montrer aux négociateurs de paix que les « païens » Samogitiens ne faisaient pas partie de son armée.


Pendant la période de négociations de paix, le Roi Sigismond de Hongrie agissait comme un médiateur, recherchant d’éventuelles unités de Samogitiens et enquêtant jusqu’à 50 km au delà des lignes des Croisés pour tenir à jour la situation des ennemis et ainsi tenir compte de leur capacités du moment.


Les pourparlers de paix échouèrent. Apparemment comme le pensaient certains responsables, chacune des parties utilisa le temps des discussions de paix pour compléter ses préparatifs de guerre et manœuvrant leurs armées respectives pour les amener sur des positions les plus favorables.


Les Polonais se plaignaient de l’allure de la marche de place en place, râlant sans cesse sur leurs droits ou sur autre chose. Les nobles polonais menaçaient de désengager leurs troupes en essayant d’impressionner leur Roi  Jogailo par leurs points de vue. Mais Jogailo avait à son service un régiment de Lithuaniens, commandé par son neveu, le fils du Prince Kaributas, que Vytautas lui avait assigné pour sa protection mais aussi pour d’autres raisons de précaution.


A ce point ou le moral des troupes polonaises était excessivement bas, un évènement inattendu qui changea le cours de événements se produisit.


En revenant d’une mission d’éclaireurs derrière les lignes ennemies, deux Samogitiens prirent sur l’autel de l’église catholique du village de Lautenburg, un calice en or, et ils furent appréhendés par les troupes personnelles  du Grand Duc Vytautas.


Les nobles polonais très en colère par cet incident qu’ils considéraient comme une atrocité s’en prirent à Vytautas le menaçant de se retirer de son armée, mais Vytautas réagit rapidement, et après un jugement sommaire il condamna les deux hommes à ériger un échafaud et de se pendre eux-mêmes  face aux troupes alliées.


(En tant que païens, ces deux Samogitiens ne se rendaient pas compte du sacrilège qu’ils commettaient aux yeux des catholiques).


Ceci créa une énorme impression sur les Polonais, et selon l’historien polonais, le Chanoine Dlugosz : « Le Grand Duc inspira une telle terreur parmi les chevaliers qu’ils tremblèrent devant lui comme des feuilles de peupliers », Les complaintes des Polonais  cessèrent et le lendemain c’était des armées très disciplinées qui marchèrent à nouveau vers les emplacements prévus pour la bataille.


(Le père du Chanoine Jean Dlugosz, l’historien polonais, cité plus haut, avait été parmi les combattants à Tannenberg, et de ce fait ayant eu des informations de première main, il en fit une admirable et véridique description).


Pendant la nuit précédant la bataille, le 14 Juillet, les armées sous le commandement du Grand Duc Vytautas le Grand se positionnèrent à la suite d’un mouvement qui semblait être le dernier pour la préparation avant la bataille.


Les Chevaliers Teutoniques firent un mouvement semblable mais opposé, le considérant eux aussi comme le dernier mouvement avant la rencontre. Mais Vytautas fit avant le lever du jour un mouvement complémentaire pour se situer dans l’endroit exact qu’il avait sélectionner sur le site de la future bataille lui permettant à lui et à ses troupes de se reposer avant qu’il n’attaque ou au cas ou ce serait les Chevaliers Teutoniques qui attaqueraient.


A l’aube du 15 Juillet, le jour d’une épique bataille, les Teutoniques étaient ennuyés que les Lithuaniens aient changé de positions, ce qui les obligea tardivement de faire de même et donc à dépenser beaucoup d’énergie juste avant la bataille réelle.


Les armées alliées sous le commandement de Vytautas comprenaient de : 40.000 Lithuaniens, 12.000 Samogitiens, 500 Tatars et  14.000 Polonais dont la moitié étaient des mercenaires, des Tchèques en majorité.


(Selon l’historien, le Colonel Georges Gasztowtt, Jean-I Gochtovtt (1393-1458), celui qui signa au nom de la Lithuanie le Pacte Polono-Lithuanien de Horodlo sur le Bug, le 2  Décembre 1413, et où il reçu pour lui et sa famille les Armes polonaises : Habdankas-Abdank, participa sous sa bannière « Aux Trois Colonnes » à la bataille de Tannenberg, à la tête des troupes lithuaniennes.)


(Ghillebert de Lannoy, un ancêtre de Franklin D. Roosevelt, a écrit que : Vytautas                                                             disposait d’une garde personnelle de 10.000 cavaliers).


Beaucoup d’historiens oublient de prendre en considération le fait que beaucoup de troupes de l’armée polonaise étaient restées en Pologne sous les ordres de la noblesse dans le but de protéger la mère patrie des attaques possibles des Hongrois ou des Bohémiens.


Les Polonais étaient parfaitement informés des intrigues complexes développées par les Chevaliers Teutoniques, et spécialement de leur traité d’assistance mutuelle avec la Hongrie au cas où les Samogitiens se battraient aux cotés des Polonais ou des Lithuaniens. Par ailleurs,  ils étaient menacés par le Grand Maitre de l’Ordre,  qui leur avait annoncé que si un Chevalier chrétien se battrait à coté  d’un Samogitien contre l’Ordre il serait après jugement mis à mort.


En outre les Lithuaniens disposaient pour la bataille de 60 canons, incluant les 10 canons des Samogitiens, les Polonais n’avaient pas d’artillerie.


(En 1410 Vytautas possédait à Vilnius  la plus grande fonderie de canons d’Europe).


Les Chevaliers Teutoniques quant à eux disposaient d’au moins 45.000 hommes de troupes dont 5 .000  étaient des Polonais, de : Silésie, Pomeranie, et de Pologne, essentiellement des mercenaires. Ils disposaient de 20 canons pour cette bataille. La raison expliquant pourquoi les Croisés étaient en sous effectifs tient au fait qu’ils ont été incapables d’ajouter à leurs forces des recrues de France et d’Angleterre, ces deux pays étant en guerre entre eux (guerre de Cent Ans).


Par le clair matin du 15 Juillet 1410, chacune des parties terminait les ultimes préparatifs, et attendait l’attaque. Pendant ce temps l’armée polonaise était en bivouac et se reposait, certains de leurs chariots et de leurs troupes étant encore sur la route menant au site du combat ce qui en cas d’attaque prématurée de l’ennemi aurait pu causer un grave désarroi parmi le camp royal polonais, lui causant d’énormes dégâts.


Les Croisés, bien qu’ils fussent complètement déployés, suspectèrent un piège et n’intervinrent pas.


Le Grand Duc Vytautas supplia plusieurs fois le Roi Jogailo d’accélérer le mouvement de ses troupes vers la position qui leur était assignée, tant le temps pressait, mais Jogailo assistait a une messe célébrée en plein champ pour ses troupes.


Cette situation d’attente ne fut jamais clairement expliquée, mais ce qui est sur c’est qu’elle provoqua la colère des Chevaliers Teutoniques qui attendaient depuis trois heures en plein soleil, transpirant sous leur lourde armure, attendant que la bataille commence et n’osant pas attaquer eux-mêmes pour ne pas modifier leurs plans.


Au moment venu Vytautas donna un signal à un détachement de cavalerie, composé de Samogitiens et de Tatars vêtus de l’uniforme lithuanien, pour qu’ils accomplissent leur manœuvre très spéciale d’attaque frontale sur l’ennemi.


Ce détachement de cavalerie engagea avec les Croisés un combat physique de courte durée, puis selon leur plan changèrent brutalement de direction dans une retraite rapide pour entrainer les trop confiants Croisés dans un piège.


Sentant une victoire rapide, les Croisés alors qu’ils poursuivaient énergiquement leur ennemi furent soudainement encerclés par un mouvement tournant de la cavalerie de Vytautas qui virant à droite attaqua les Croisés par leur arrière. Le reste des Allemands était trop désorganisé, en rangs dispersés,  pour pouvoir se regrouper et dans un effort unifié reprendre part au combat. Pour eux la bataille était perdue.


Le plan de bataille imaginé par le Grand Duc Vytautas fonctionna à la perfection, et les Chevaliers Teutoniques succombèrent à ce qui est considéré comme la dernière grande bataille de leur histoire. Bataille considérée comme la plus grande bataille du Moyen Age.


(Dans les Lettres sur Ivan IV, du Prince A. M. Kurbsky il cite l’une des notes écrites par un Croisé qui participa à la bataille : « …je vous parlerai de l’une des batailles la plus féroce que nous avons eu contre le Grand Prince Vytautas de Lithuanie, et quand en une seule journée six Grand Maitres furent nommés à la tète de notre armée et que l’un après l’autre ils furent tués alors que nous nous bâtions férocement jusqu’à ce que l’obscurité de la nuit ne disperse les combattants… »).


De sources polonaises, l’écrivain Henryk Sienkiewicz, un expert en ce qui concerne l’étude de cette bataille, on tire du  fameux roman : les « Chevaliers Teutoniques », une image réaliste du combat corps à corps et l’habileté combattante des Samogitiens : «  Les Samogitiens furent réellement de splendides exemples. A la lumière des feux on pouvait voir, sous leur peau de mouton, leur large poitrine et leurs bras vigoureux. Chacun d’eux était maigre, mais osseux et élancé, en général leur physique dépassait celui des habitants des autres districts de Lithuanie… ».


Parlant des fameux chevaux de bataille samogitiens, il dit : Les Alliés furent stupéfaits  par les poneys samogitiens à longs poils, extraordinairement petits, avec un poitrail  puissant et en général si étranges que les chevaliers de l’ouest les prenaient pour des sortes d’animaux sauvages  des forêts, ressemblants plus à des licornes qu’à des chevaux….les vétérans ayant servis sous Vytautas expliquaient aux nouveaux venus que les grands étalons n’étaient pas adaptés à cette région, parce que les grands chevaux s’enfonçaient dans les marécages, alors que les poneys étaient capables de passer partout aussi facilement que l’homme…..Un Allemand était incapable de fuir s’il était poursuivi par un Samogitien, pas plus qu’il n’était capable de rattraper un Samogitien qui s’enfuyait, parce que leurs chevaux étaient aussi ou même plus rapides que ceux des Tatars. »  


Parlant encore des combattants Samogitiens, Henrik Sienkiewicz continue : « Ils combattaient en foule désordonnée alors que les Allemands combattaient en rangs serrés. Si l’on peut briser leurs rangs, un Samogitien aura plus de chance de tuer un Allemand, qu’un Allemand de tuer un Samogitien. »


En décrivant la capacité et l’adaptabilité pour un Samogitien de se cacher, il écrit : « Les Samogitiens sont habitués à vivre en forêt et à combattre, sauter de cheval et se cacher derrière un tronc d’arbre, un talus, un bouquet de noisetiers, des touffes de jeunes sapins, des broussailles, comme si la terre les avait avalé. Personne ne parlait, pas un cheval ne reniflait. De temps en temps un animal sortait de la forêt, passait auprès d’eux et ce n’est que lorsqu’il les avait pratiquement touché qu’il fasse un bond à l’écart, haletant de terreur. Quelques fois une brise se levait et elle remplissait la forêt de solennité et de sons majestueux, parfois tout était calme avec seulement l’appel des coucous ou les coups de bec d’un pic-vert sur un arbre mort. Les Samogitiens écoutaient ces bruits avec joie, surtout le pic-vert qui annonçait une bonne nouvelle. »


Concernant un épisode particulier lors de missions d’espionnage, Henrik Sienkiewicz écrit : «  les Samogitiens montaient des poneys poilus dont les sabots étaient enveloppés de peau de mouton pour ne pas faire de bruit ni laisser de traces dans la boue. » 


(Il avait plu la nuit précédant la bataille, aussi avaient ils utilisé ce dispositif pour éviter qu’ils ne soient détectés. Leur espionnage parmi les lignes ennemies se poursuivit pendant toute la durée du combat, faisant parvenir leurs rapports à l’Etat Major jusqu’à la fin des hostilités. »)  


Concernant leur armement, il écrit : « Ils étaient tous bien armés, ils n’avaient pas bien sur les puissantes lances que les chevaliers n’utilisèrent pas  et qui auraient été d’une grande gène pour les marches  en forêt, mais ils avaient en main des courtes et légères piques pour la première attaque et des épées et des haches accrochés à leur selle, pour des combats rapprochés. » 


Ensuite Sienkiewicz décrit leur vaillance lors de l’intense confrontation  avec l’ennemi au cœur de la bataille : « De tous les cotés de la forêt surgit le terrible cri des guerriers Samogitiens.  Une foule parmi eux se rua hors des fourrés, comme des fourmis ou des guêpes dont un promeneur inattentionné aurait perturbé le nid d’un coup de pied. Mais ils chargèrent sans succès tout d’abord. Les Allemands plantèrent dans le sol leurs lourdes lances et hallebardes et les tinrent si fermement et si régulièrement que les légers  poneys Samogitiens ne purent rompre le mur… les Samogitiens taillèrent avec leur sabre les pointes des lances ou leur manche, observant les hommes en armes avec stupéfaction et entêtement. Mais le front ne fut pas rompu. Les Samogitiens qui avaient attaqué sur les flancs bondirent à nouveau sur les Allemands comme un hérisson. Ils retournèrent à la bataille, il est vrai avec beaucoup d’impétuosité mais ils ne purent accomplir quoi que ce soit… Certains grimpèrent aux arbres en un clin d’œil et commencèrent à tirer au milieu des hommes en armes, voyant cela les chefs des Croisés  ordonnèrent aux soldats de se retirer vers leurs chevaux. Les archers allemands  commencèrent à tirer et ainsi de temps en temps un Samogitien dissimulé dans les arbres tombait à terre comme un fruit mur, mourant en arrachant de ses mains la mousse de la forêt, ou se tordant comme un poisson hors de l’eau.


Encerclés comme ils l’étaient les Allemands ne pouvaient, il est vrai, escompter la victoire ; mais voyant le succès de leur défense, ils pensaient qu’au moins une poignée d’entre eux aurait pu s’échapper du trou où ils étaient pour rejoindre la rivière…..Aucun ne songeait à se rendre, car comme eux mêmes ne faisaient pas de quartier, ils savaient qu’ils ne pouvaient compter sur aucune pitié de la part de gens amenés par eux à la révolte et au désespoir.


Ainsi ils entamèrent leur retraite en silence, épaule contre épaule, montant et descendant leur lance ou leur hallebarde, coupant, poussant, tirant des flèches, dans la mesure ou le confusion de la bataille le permettait, se rapprochant des hommes à cheval qui eux mêmes étaient engagés dans une lutte : « à la vie, à la mort » avec d’autres  détachements de l’ennemi…. Les Samogitiens continuèrent à attaquer sur les flancs. Tout le détachement allemands qui jusque là avait tenu ferme, fut anéanti, ébranlé comme une maison dont les murs explosent, tordus comme une poutre qui finalement se rompt…Et instantanément la bataille se changea en massacre. Les longues lances et les hallebardes des Allemands devenaient inutiles dans une telle cohue Par ailleurs les sabres des cavaliers mordaient les cous et les cranes. Les chevaux hennissaient dans la foule des hommes, renversant et piétinant les hommes d’armes.


Il était facile pour les cavaliers de frapper du haut de leur monture, et ils le firent sans respirer et sans repos. De part et d’autre de la route se ruèrent des guerriers sauvages vêtus de peaux de loups avec une soif de sang dans leur cœur. Leurs hurlements atténuèrent les voix qui commençaient à demander pitié et à noyer les gémissements des mourants.


Les vaincus jetèrent leurs armes, certains essayèrent de se glisser dans la forêt, d’autres tombaient sur le sol feignant d’être mort, d’autres priaient, un autre ayant vraisemblablement perdu la raison commença à jouer d’un sifflet, puis se mit à rire regardant vers le haut, jusqu’à ce que le sabre d’un Samogitien lui fende le crane. La forêt cessa de murmurer dans le vent comme si elle était terrifiée par la mort… A la fin une poignée de Chevaliers Teutoniques s’enfuirent. Une vague de Samogitiens à cheval et à pied les entourèrent, les serrant de très prés, mais ils se défendirent si férocement, coupant, repoussant avec leurs longues épées, qu’un demi cercle de corps gisaient devant les pieds des chevaux.


Alors les Chevaliers Teutoniques comprirent que la bataille était perdue et que rien ne permettait de passer au travers du détachement qui leur coupait la retraite ou alors mourir. Les chevaux allemands n’étaient pas bons pour prendre la fuite alors que les rapides poneys samogitiens les dépassaient  leur infligeant la chute finale.


Les Allemands dispersés fuyaient comme une harde de cerfs avec la peur au ventre. Certains s’échappèrent dans la forêt, où l’un d’eux  s’embourba alors qu’il essayait de traverser la rivière, il fut étranglé par des Samogitiens. Le reste fut poursuivit par des bandes au travers des fourrés, qui bientôt devinrent la scène de chasses sauvages pleine de cris et d’appels. Ainsi résonnèrent les profondeurs de la forêt jusqu’à ce que le dernier Allemand fût finalement attrapé.


Trop de Samogitiens et d’Allemands étaient morts pour qu’on puisse tous les enterrer : un romancier polonais qui étudia lui même la situation dans ses moindres détails, rapportant des témoignages sur cette inimaginable sauvagerie, et cette  terrible bataille entre les Samogitiens et les Chevaliers Teutoniques se demanda à lui même : « Quel est le prix de la gloire ? Quel est le prix de la religion ? Quel est le prix de l’humanité ? ».


Selon les chroniques de l’époque : « L’ennemi (les Chevaliers Teutoniques), ayant pris la fuite furent poursuivis jusqu’au couché du soleil, à 8 heures du soir, jusqu’à ce que la bataille soit considérée comme  terminée. »


Avant même que la bataille ne s’achève, la plus part des troupes polonaises et de leurs mercenaires se permirent de piller le camp ennemi, qui était plein de choses de valeur, alors que les disciplinés Lithuaniens et Samogitiens abandonnaient toute idée de pillage pour s’occuper de leurs frères d’armes blessés qui se battirent à leurs cotés aussi fidèlement, de même que des prisonniers dont la vie et la mort les concernés.


Le Roi Jogailo, ne fit pas d’objection quant au partage du butin par ses troupes, il demanda seulement que les tonneaux de vin soient écrasés et le vin répandu sur le sol afin que les soldats ne s’enivrent pas et ne deviennent inefficaces en cas d’attaque ennemie. Il semble en effet qu’à ce moment là le Roi Jogailo n’était pas au courant du fait que les Chevaliers Teutoniques étaient pratiquement annihilés.


A l’exception de l’Hospitalier Wernher von Tettingen qui réussit à s’enfuir, tout l’Etat Major de l’Ordre mourut sur le champ de bataille : du Grand Maitre de l’Ordre Ulrich von Jungingen, et du Grand Maitre Friedrich von Wallenrode. Marquard von Salzbach, le Komtur (Commandant de région) de Brandebourg autrefois l’ami du Grand Duc Vytautas fut condamné à mort pour avoir eu un comportement insultant alors qu’il était en captivité après la bataille, mais de sources samogitiennes on soutient que Vytautas ne lui pardonna jamais d’avoir abandonné son devoir lors de la bataille de Vorskla en 1399 . Vytautas reprocha à von Salzbach d’avoir perdu la bataille parce que ses Chevaliers étaient ivres, et parce qu’ il n’avait pas préparé ses troupes à temps afin qu’elles puissent prendre  leur position choisie pour la bataille. Heinrich Schaumburg, le Voigt de Sambia (Samland), et Jurge Marschalk, le « kompan » du Grand Maitre, furent aussi exécutés pour des raisons semblables.


Le lendemain de la bataille, le mercredi 16 Juillet 1410, le corps du Grand Maitre et ceux des autres dignitaires de l’Ordre furent localisés et identifiés sur le champ de bataille. Ils furent vêtus de violet, enveloppés dans un linceul blanc et propre, et emportés au quartier général de Marienburg pour y être ensevelis. Les autres : amis ou ennemis, furent ensevelis solennellement, trois messes de requiem furent célébrées devant l’armée toute entière. Ce fut une cérémonie très impressionnante pour un respect formel rendu aux morts. Parmi les mystères de la vie, une telle manifestation de dignité parmi les survivants des combats mortels les plus brutaux n’est pas rare.


La seule consolation des survivants étant : « Ceci aurait pu m’arriver à moi ».


Immédiatement après les services d’inhumation, les Samogitiens reçurent un message les informant qu’une attaque imminente menacé leurs terres par les mêmes Tatars qui un an auparavant avaient dévasté Moscou. Ne réalisant pas qu’ils étaient les victimes d’un autre complot imaginé par Vytautas et Jogailo, les Samogitiens partirent rapidement défendre leur pays.


Le message était bien sur totalement faux et surement concocté par les deux intelligents « Cousins » qui pourraient ainsi négocier avec l’Ordre pour leur propre compte et de n’utiliser les Samogitiens diplomatiquement seulement comme un gage. L’ironie de cet incident frauduleux est que ni les Lithuaniens, ni les Polonais n’offrirent leur aide aux Samogitiens pour défendre leurs terres dans ces heures cruciales.


Il est très difficile pour ceux des historiens qui se plaisent  à considérer Vytautas comme le Roi des Samogitiens d’expliquer pourquoi il ne fut pas le premier à défendre les Samogitiens en mobilisant  ses troupes lithuaniennes dans ce moment de nécessité critique.


Mais au lieu de tout cela, les grands « cousins régnants » se préoccupaient de leur propre satisfaction. Ils organisèrent un banquet d’Etat auquel assistèrent les dignitaires polonais et lithuaniens, quelques prisonniers de guerre, invités, tel le Prince Konrad de Olesnika et le Prince Casimir de Stettin, en plus de quelques chevaliers importants.


Ensuite les troupes lithuaniennes et polonaises attaquèrent le Château de Marienburg mais sans succès se satisfaisant alors de faire le siège du château. Après six semaines de siège, le Grand Duc Vytautas n’ayant pas le gout pour cette façon de faire la guerre regagna la Lithuanie avec ses troupes. Pendant ce temps le Roi Joagailo maintint le siège pendant deux semaines supplémentaires, mais selon le Chanoine polonais Dlugosz : « les Polonais étaient inexpérimentés et négligents ».Des maladies et la dysenterie frappèrent leur camp à cause du non respect de la discipline dans les pratiques sanitaires, ceci étant du à leur manque  de campagnes militaires et d’expérience de batailles qui en auraient fait des troupes conventionnelles.


Les nobles polonais étaient mécontents et voulaient retourner chez eux pour effectuer les moissons, également préoccupés par les rumeurs d’incursions par les Hongrois sur leurs terres. Les mercenaires réclamaient leur retard de paiement et Jogailo n’avait pas d’argent disponible. Pour ajouter à leurs malheurs, il y avait une pénurie de munitions. Il fut obligé d’écouter ses nobles et de partir en suivant son cousin, Vytautas, le 19 Septembre 1410.


Pour le bien de l’histoire, c’est réellement une tragédie de constater les perfidies commises par orgueil, par des historiens partiaux qui ont modifié d’importants événements au profit de leur pays respectif, alors que les études des faits de la bataille de Tannenberg contredisent ces distorsions.


Alfred Rambaud dans le volume « I » de son œuvre : « Russie », écrit : …l’armée lithuanienne était composée de 97.000 fantassins et de 66.000 cavaliers, alors  les Croisés possédaient :57.000 hommes d’infanterie et 26.000 cavaliers ».


Les historiens, James Thompson et Edgar Johnson écrivent dans leur ouvrage : « Introduction à l’Europe Médiévale de 300 à 1500 : « En 1410 , l’armée hétéroclite polono-lithuanienne de quelques 100.000 hommes incluant : les mercenaires tchèques, les chefs tatars, les boyard russes et les Samogitiens vêtus de peaux de bêtes envahirent la Prusse et rencontrèrent l’armée de l’Ordre (35.000 hommes) non loin du village de Tannenberg qu’ils bâtirent de telle façon que la puissance des Chevaliers était détruite à jamais ».


Les données allemandes et Samogitiennes pour cette bataille sont assez proches les unes des autres.


Les données lithuaniennes sont en désaccord avec la réalité comme la plus part des autres, alors que les données polonaises sont totalement fantaisistes dans tous leurs aspects. Tout d’abord les Polonais magnifient l’importance et l’immensité de la bataille. Ils minorent tellement le nombres des participants des autres participants à la bataille qu’ils apparaissent gigantesques dans tous les aspect de la victoire.


Les forces du Roi Jogailo consistaient de 7.000 Polonais et de 7.000 Tchèques et autres mercenaires ; les pertes qu’ils subirent par les accrochages de leur coté étaient d’environ de 1.000 tués tout au plus et d’environ un nombre égal de blessés. Tandis que les pertes lithuaniennes étaient de 6.000 tués environ et entre 10.000 et 15.000 blessés. Les    Samogitiens eurent parmi leurs 12.000 hommes, 3.000 tués en opérations et un nombre un peu plus élevé de blessés. Les Tatars eurent 100 morts et environ 200 blessés parmi leur détachement de 400 hommes. Ils étaient placés sous les ordres du Khan Soldan, un ami loyal du Grand Duc Vytautas. Les alliés totalisèrent environ 10.000 tués et environ 20.000 à 25.000 blessés.


Les Chevaliers Teutoniques eurent 18.000 tués en action tel qu’ils le revendiquent avec environ 30.000 blessés et plusieurs milliers de prisonniers. Environ 2.000 de leurs soldats réussirent leur retraite dans la forteresse de Marienburg sous le commandement du Grand Maitre Heinrich von Plauen. Ils résistèrent avec succès au siège de deux mois, des forces du Grand Duc Vytautas et du Roi Joagailo.


Dans les commentaires qui sont faits au sujet de la bataille de Tannenberg, les Samogitiens sont grandement perturbés par les erreurs faites en ce qui concerne les manœuvres classiques qu’ils utilisèrent.


Certains historiens persistent à affirmer que ces manœuvres qui leurs sont spécifiques, ont été copiées sur les Mongols où on les dénomme « Tulughma » qui est un rapide encerclement des flancs de l’armée ennemie, suivi d’un rapide : « balayage standard ». Les Samogitiens cite l’historien soviétique, V.Pashuto, qui note que : » les adroits Samogitiens ont utilisé cette tactique dés 1132, c’est à dire, environ 100 ans avant que les Mongols ne viennent en Europe. Le Duc Daniel Romanovich note, se référant à leur expérience : « … comme est l’espace pour les Chrétiens dans la Citadelle, est l’étroitesse pour les « païens » (Samogitiens). »


Ironiquement, quelques historiens ayant des préjugés, trouverons que la simple phrase publiée dans : The Cambridge History of Poland (to 1696) restera toujours une épine de leur coté aussi longtemps qu’elle restera imprimée et qui dit : « Même dans les chroniques Suisses ou Françaises, Tannenberg est présenté comme une victoire des « Saracens » (les Samogitiens-Sarrasins) ».


L’historien lithuanien, Constantin R.Jurgela, minimise l’influence des Russes dans la moindre participation à la bataille de Tannenberg, notant que les Moscovites n’ont jamais entendu parlé de la bataille de Tannenberg avant le XIX° siècle. Dans son livre « Tannenberg », il écrit : « Si Vytautas et Jogailo avaient succombé en 1410, les Chevaliers Teutoniques auraient dévaler sur les plaines de Russie et donner une raison pour que l’on parle d’une lutte « Teutons-versus-Slaves ». Sur le plan de la vérité strictement historique ce slogan n’est qu’une invention des propagandistes.


(C.R.Jurgela fit une erreur en ne séparant pas la Samogitie et la Lithuanie, il réunit ces deux entités sous le seul nom de : Lithuanie, ne considérant qu’un seul pays, ce qui n’était pas le cas en 1410).


« Les Moscovites et les habitants de la Grande Russie n’ont rien connu pendant des siècles de cette bataille, avant que ne naisse le « Pan-Slavisme ». D’autre part les Lithuaniens et les Polonais ne se sont pas seulement battus dans ce conflit sanglant mais ils l’ont retenu vivant dans leur mémoire et dans leur folklore jusqu’au XVI° et XVII° siècle. Voir (Albert Wiiuk-Koialpwicz,S.J. : Histoire de la Lithuanie, Dantzig 1650, et Bellum Prutenum de 1516 de Joannes de Wislica). Leurs hommes d’Etat se réjouissent des fruits de la victoire. On ne voit pas de telles traces mémorielles sur aucun des monuments de Bielorussie,  d’Ukraine, ou de Russie.


Les Russes n’ont joué aucun rôle dans les affaires internes de la Lithuanie jusqu’à son occupation par les troupes du Tsar Pierre le Grand (Pierre I°) au XVIII° siècle. Les Ruthènes, les Bielorusses et les Ukrainiens n’ont commencé à jouer un rôle actif et important dans l’Etat de Lithuanie que vers la fin du XV° siècle, quand ils eurent acquis un sens d’une commune citoyenneté ».


Parce que la Pologne avait permis un renforcement de son armée par les « païens » (les Samogitiens), pour combattre les Croisés à Tannenberg, et ce en violation des termes des accords de paix avec les Chevaliers Teutoniques, le Grand maitre Heinrich von Plauen, non découragé et très en colère voulait mener une action punitive contre elle.


Deux mois plus tard il avait recruté suffisamment de chevaliers pour bâtir une armée de 11.000 hommes, alors que le Roi Jogailo ne pouvait pas réunir plus de 7.000 hommes, perdant l’appui de la Lithuanie et d’autres.


Si la victoire de Tannenberg avait été poussée au maximum, l’Ordre des Chevaliers de la Croix aurait été complètement détruit. Mais les Polonais, occupaient des villes de Prusse, immédiatement unies  à la Pologne dans un mouvement que le Grand Duc Vytautas appela : « avidité ». Vytautas, troublé, s’opposa à cette entreprise d’agrandissement par Jogailo et décida de devenir une force d’opposition subtile à la Pologne.


Vytautas lui-même évita à l’Ordre une ruine totale, en n’aidant pas la Pologne dans son problème du paiement des frais de guerre, et en prenant part au Traité de Thorn (Torun), ou il imposa les meilleures conditions possibles pour l’Ordre. Il dut dans le futur sans cesse faire face aux Polonais qui continuellement exhibaient des prétentions envers la Lithuanie. Il ne voulait pas que les Polonais augmentent considérablement leur force, désirant les harceler par une opposition, des secrets ou autres moyens.


Mal assuré Jogailo persuada le Grand Maitre von Plauen d’entamer des pourparlers de paix avec l’espoir que « l’ancienne amitié » prévaudrait à nouveau entre leurs deux pays. Ils résolurent leurs différences et ensemble avec le Grand Duc Vytautas, ils signèrent le « Traité de Thorn » le 11 Février 1411.


Le Traité de Thorn prévoyait la restauration des frontières telles quelles étaient avant la guerre, à l’exception de la Samogitie qui était l’un des « butins » qui devait rester rattaché à la Lithuanie jusqu’à la mort à la fois de Vytautas et de Jogailo, après quoi elle devrait revenir à nouveau à l’Ordre.


La rançon pour la libération des prisonniers Teutoniques fut fixée à : 300.000 ducats hongrois et les Chevaliers devaient payer 100.000 Gros de… (kapas of groszen ?), aux alliés en réparation des frais de guerre. Pour le sort de villes : Drezdenko et Santok,  on s’en remit à l’arbitrage du Pape. Jagailo dut par ailleurs abandonner le titre usurpé de : Prince de Poméranie. Jogailo et l’Ordre promirent de ne plus entreprendre d’actions l’un contre l’autre, Vytautas et Jogailo devant s’efforcer de convertir les païens (infidèles) de Samogitie.


Les Samogitiens furent complètement oubliés dans les discussions de paix. La gratitude des Polonais et des Lithuaniens vis à vis des énormes efforts de la Samogitie pour obtenir la victoire de Tannenberg où ils eurent tant de victimes, se manifesta par une absence de scrupule et la duplicité des deux cousins : le Grand Duc de Lithuanie Vytautas et  le Roi de Pologne Jogailo. Il est possible que l’intention de ce dernier fut de convaincre les Chevaliers Teutoniques et l’Europe de l’Ouest, qu’aucun traité de paix n’avait été violé par l’une et l’autre partie, parce qu’aucun païen Samogitien n’aurait  participé à la bataille de Tannenberg. En ce qui concerne la réfutation des Samogitiens irrités d’être impliqués dans le Traité de Thorn (Torun) des publications circulèrent en Europe, dénonçant les Lithuaniens et les polonais, et mentionnant que seuls les Samogitiens pouvaient être habilités à signer des traités les concernant, et que le Traité de Torun devait être considéré comme un affront méprisable pour les Samogitiens.


L’année, ou les deux ans qui suivirent furent jugées trop calmes pour à la fois Vytautas et Jogailo. Apparemment ils semblaient de ne pouvoir vivre l’un sans l’autre ou tout du moins en apparence. Cette époque était considérée comme : « l’ère de la sympathie » entre eux,  ce qui donna à la Lithuanie et à la Pologne l’opportunité de consolider leur relation par la signature d’une nouvelle alliance, signée le 2 Décembre 1413, appelée : Pacte d’Horodlo, (Jean I Gochtovtt, signa pour la Lithuanie ). Un des aspect significatif de cette signature fut la création de 47 titres de noblesse octroyés par les Polonais à 47 Lithuaniens sélectionnés par Vytautas, dans le but de réduire leur opposition au Pacte, (parmi ces nobles la famille Gochtovtt reçu les « Armes Habdankas » et la famille Korewa- proche de la nôtre  les « Armes Debno, ou Dembno »).


Pour donner un signe extérieur de leur bonne volonté et de remplir leurs obligations stipulées dans le Traité de Torun, Vytautas et Jogailo, ensemble, manifestèrent leur prétention de baptiser les Samogitiens, en faisant des visites dans des districts isolés, baptisant les gens en groupes. Toute la procédure était plutôt mystique et pas chrétienne  du tout pour ne pas indisposer le peuple samogitien.


Pour des raisons non expliquées, la première indication qu’à l’extérieur on se sentait concerné par le bien être des « païens » Samogitiens, et peut-être en réponse à l’un de leur appel à toute l’Europe, vint d’un homme de Dieu. Cet homme était Gregory Tsamblak (Camblak), un Bulgare nommait Métropolite de Kiev et de toute la Lithuanie orthodoxe, qui avait un grand respect et de la compassion pour le peuple Samogitien revendiquant son influence à leur égard à la Cour du Grand Duc Vytautas.


Il pria le Roi Vytautas (ainsi est son titre selon des sources russes) de s’asseoir avec les pays de l’Europe de l’Est au nom de la paix. Il implora Vytautas de se convertir à l’orthodoxie et d’abandonner « la foi polonaise ». Vytautas répondit : « Si vous voulez convertir non seulement moi mais aussi les infidèles qui habitent mon pays… allez à Rome et débâtez avec le Pape et ses conseillers. Si vous échouez alors je convertirai tous les Chrétiens de votre foi résidant dans mon pays à ma foi allemande »


(Vytautas avait été baptisé à la foi Catholique par des Allemands sous le nom de Wigand).


Le Métropolite Gregory Tsamblak accepta le challenge de Vytautas et il négocia immédiatement avec les Princes et les Anciens Samogitiens afin qu’ils acceptent ses propositions pour une paix permanente. Impressionnés par cet intérêt pour leur cause et la disposition favorable d’un homme de Dieu, les Samogitiens acceptèrent son appel si  persuasif.


Le Métropolite fit à Rome ses propositions au Pape qui en fait réunirait son Eglise Orthodoxe avec l’Eglise Catholique Romaine. Ceci était la condition pour résoudre le problème Samogitien à leur satisfaction. Les Samogitiens insistaient sur le fait qu’ils étaient une nation souveraine et indépendante, perpétuant un très ancien Royaume, et qu’un Empereur ne peut accorder de Titres à la terre des païens alors même qu’il n’est pas lui-même un souverain indépendant mais un subordonné du Pape.


Le Métropolite obtint que le Prince héritier et soixante Princes Samogitiens puissent assister au  XVI° Concile Général de l’Eglise qui devait se tenir à Constance, en Allemagne - pour plaider leur cause concernant les injustices de l’Ordre Teutonique à leur égard. Le Métropolite voulait qu’ils parviennent à convaincre l’opinion publique européenne de l’illégitimité des demandes de l’Ordre Teutonique, et de saper les raisons de la réelle raison d’être de cet Ordre.


On dit que le Grand Duc Vytautas baptisa lui-même en masse, les 60 Princes Samogitiens avant leur départ pour l’Allemagne, de telle façon qu’ils puissent se présenter au Concile Général, (mais il y a cependant un doute sur cette assertion).


Juste comme l’hiver arrivait, en Novembre 1415, les 60 Princes Samogitiens et quatre des Anciens, conduit par le jeune Prince Héritier, Kynrint, arrivèrent à Constance, en Allemagne, pour le XVI° Concile Général du Saint Empire Romain. Ils étaient accompagnés par Gregory Tsamblak, le Métropolite de Kiev, l’organisateur du voyage qui voulait rassurer l’Eglise Catholique, de façon à ce que les Samogitiens ne soient jugés avec un préjudice en leur défaveur.


Le Métropolite avait invité le Khan Soldan, le fils du feu Khan Tokhtomysh, pour les accompagner dans ce voyage afin que Khan Soldan puisse plaider en faveur des Samogitiens au Concile Général et démontrer que bien que ses ancêtres, les Mongols, ayant combattus les Samogitiens pendant prés de 200 ans, leurs différents étaient maintenant amicalement résolus et qu’ils vivaient en paix – et que donc il n’y avait aucune raison pour que les Chevaliers Teutoniques ne puissent faire la paix de la même façon.


Gregory Tsamblak voulait aussi montrer aux Européens de l’ouest pour chasser le mythe propagé par les Chevaliers Teutoniques, que les véritables Sarrasins étaient les Mongols représentés par Khan Soldan et non les Samogitiens.


Durant leur voyage, les Samogitiens attirèrent à eux des milliers d’Européens, souvent venus de très loin juste pour donner un coup d’œil sur ces terribles et légendaires guerriers Samogitiens qui en entreprenant ce voyage défiaient ces Nobles Teutons qu’ils avaient battus quelques années auparavant à Tannenberg.


L’élégance et la gentillesse des Princes Samogitiens surprirent les foules, qui s’attendaient à voir des Sarrasins ou des Mongols. L’exceptionnelle qualité des acteurs et des artistes qui accompagnaient les Princes et réalisèrent des représentations fantastiques impressionna les foules qui se mirent dans chaque ville traversée sur le chemin vers Contance a aimer ces Samogitiens, ce qui faisait aussi partie de la stratégie du Metropolite Gregory Tsamblak pour gagner le cœur des gens, ce qui joua parfaitement au  bénéfice des Samogitiens.


Une remarquable impression, dont on parla pendant de nombreuses années dans les maisons de la Noblesse européenne, était l’exceptionnelle qualité et la finesse des fourrures portées par les Princes de même que de l’incomparable splendeur de leurs chevaux.


Au Concile Général, la présentation des affaires Samogitiennes fut assurée par leurs quatre Anciens et deux conseillers Lithuaniens utilisant l’assistance d’un prêtre polonais comme leur interprète et leur traducteur. Leurs reproches étaient présentés avec tant d’astuce et d’érudition qu’ils firent une profonde impression à Contance. L’Ordre si déçu par l’élan de sympathie au profit des Samogitiens, ne purent de bonne grâce élever la moindre objection à leur supplication.


De la chronique de Richental telle que l’a traduite Louise Ropes Loomis, dans son livre : « Le Concile de Constance », on apprend que le Concile décida en faveur des Samogitiens, maintenant leur souveraineté sur un royaume reconnu et recommandant que la Samogitie fasse partie du Saint Empire Romain. Cette décision historique invalida toutes les anciennes réclamations frauduleuses envers les territoires Samogitiens par des prétendants tels que : le Grand Duc Vytautas, le Roi Jogailo ou les Chevaliers Teutoniques.


Un extrait de la chronique Richenthal mentionne : « Les Lords Teutoniques de Prusse dirent qu’ils avaient une fois conquis le peuple de Samogitie par l’épée et qu’ils appartenaient à l’Archevêché de Riga en Livonie (Lettonie), qui était un province prussienne. Si le peuple veut devenir chrétien, les Lords Teutoniques et l’Archevêque les baptiseront. Mais l’Assemblée du Concile interdit aux Teutoniques de faire cela et leur intima l’ordre d’obéir au Concile  et de ne plus mettre d’obstacles sur la route d’un peuple qui n’avait plus rien à faire avec eux.


Désormais, la Samogitie sera partie intégrante du Saint Empire Romain et pour les sujets spirituels dépendra des ses évêques et de ses prêtres.


Pendant tout l’hiver 1415-1416 les très admirés Princes Samogitiens furent reçus dans beaucoup de familles nobles d’Europe qui rivalisèrent pour leur rendre honneur. La noblesse de l’Europe de l’ouest était empressée de mieux connaître le peuple samogitien, leur histoire et plus particulièrement le récit de leurs batailles contre les Mongols de la Horde d’Or. Cet hiver à Constance connut une grande activité sociale. La résidence du Prince Héritier de Samogitie dans la ville de Constance furent rapidement dénommée la « Maison du Soleil » par les habitants. Ceci est du à l’attachement du Prince pour ses « Armes » dont l’emblème est le « Soleil », armes installées à l’entrée de l’immeuble pour indiquer que là était le quartier général officiel du Prince, durant son séjour à Constance.


(L’histoire rapporte que lorsque le Métropolite Gregory Tsamblak retourna au Concile Général en 1418, menaçant d’établir une troisième Rome en riposte à l’échec du Concile de faire appliquer les décisions concernant la Samogitie, il résida à Constance dans la « Maison du Soleil »).


La très riche famille des Médicis de Florence, Italie, fut tellement impressionnée par la visite des Princes Samogitiens qu’elle passa commande à l’artiste, Benozzo Gozzoli, pour qu’il  peigne la scène en souvenir de ce voyage fameux de Samogitie à Constance, sur les murs de leur chapelle familiale.


Le temps passant la signification de cette peinture fut oubliée. Se développa alors un mythe, du à l’ignorance du fait historique, parmi les spécialistes de l’art, concluant qu’il s’agissait d’une scène de Noël, que l’on nomma par erreur « Le voyage des Mages ». Mais aujourd’hui grâce à la révélation de l’Héritier du Grand Duc de Samogitie, Bernard B. Blazes,  qui décrit en détails tous les aspects de ce voyage tels qu’ils sont incorporés dans la peinture à partir de notes qui ont été gardées dans l’histoire de sa famille. Il est maintenant nécessaire de conclure que l’erreur existe et qu’elle doit être corrigée par les historiens pour le bien de la postérité.


Il explique : « … cette peinture symbolise un épisode d’un événement important de l’histoire de ma famille. Elle dépeint mes ancêtres et la foule de leurs parents voyageant vers Constance pour assister au XVI° Concile Général en 1415, en défiance aux Croisés Teutoniques et pour une confrontation avec la chrétienté… »


« Celui que l’on nomme, Roi (allusion aux Rois Mages- le 1°), du coté gauche de la peinture n’est autre que Kynrint le Prince Héritier qui à cette époque n’avait que 16 ans et par conséquent était trop jeune pour être Roi selon la loi samogitienne. Sur la droite de la peinture sont représentés les deux frères jumeaux, Jean et Georges, qui étaient nettement plus âgés que le Prince Héritier. Lorsqu’ils étaient encore de jeunes enfants ils avaient été capturés par les Chevaliers Teutoniques et gardés prisonniers pendant cinq ans environ. Ils furent baptisés Chrétiens par les Chevaliers, ils gardèrent leur nom de baptême pendant tout le reste de leur vie. Peu de temps avant la bataille de Tannenberg, un Chevalier Ecossais de l’Ordre Teutonique, déserta pour la Samogitie emmenant les jumeaux et les remettant en lieu sur dans la terre de leurs ancêtres. Sur la peinture il est évident que seuls les membres de la Famille Royale portaient des vêtements recouverts d’hermine. L’un des frères du Prince Héritier était Gardien du Sabre Royal et l’autre gardien du Sceau Royal. Celui que l’on nomme aussi Roi, (allusion encore ici aux Rois Mages-le 2°), au centre de la peinture est réellement le Khan Soldan, fils du fameux Tatar Khan Tokhtamysh. Khan Soldan et ses troupes étaient volontaires pour combattre à la bataille de Tannenberg aux cotés des Samogitiens. A l’extrème droite le Roi (allusion encore au  Roi Mage-le 3°) n’est autre que le Révérend Bulgare, Gregory Tsamblak, le Métropolite Orthodox de Kiev, qui organisa le voyage et fut responsable de son succès. Il était très admiré par mes ancêtres en tant qu’homme d’église, dit l’Héritier du Trône, Bernard, B. Blazes. A l’extrême gauche de la peinture se trouve le Prêtre polonais, Nicolas Sapienski, que le Grand Duc Vytautas de Lithuanie avait désigné pour accompagner les Princes Samogitiens pour être leur interprète et traducteur officiel au Concile. A coté du prêtre polonais ce sont les deux Lithuaniens, Georges Gedigaudas et Georges Galiminas, nommés par le Grand Duc Vytautas comme conseillers officiels des Samogitiens. Dans d’autres détails de la peinture il y a des Samogitiens barbus et un groupe important de cavaliers, il s’agit là des 60 Princes guerriers samogitiens, la plus part d’entre eux étant rattachés à la famille du Prince Héritier. D’autres personnages représentés sur la peinture sont en dehors des spectateurs, les artistes et ceux chargés de distraire les gens des diverses villes traversées lors du voyage vers l’Allemagne. L’emblème au sommet du tableau, considéré par certains comme étant l’Etoile de Bethlehem, n’est autre que  le symbole de ma famille, datant des temps les plus anciens et duquel est dérivé le nom : ‘La Maison du Soleil’ ».


De retour en Samogitie après leur mission, en Mars 1416, les Princes donnèrent l’ordre d’envoyer un troupeau de bisons à Constance en Allemagne, comme cadeau à différents nobles, en témoignage de gratitude pour l’hospitalité qu’ils leur avaient manifesté pendant leur séjour hivernal à Constance. Comme les bisons étaient des animaux inconnus en Europe de l’ouest, la noblesse avait exprimé le désir d’en voir. Ils étaient aussi désireux de gouter des steaks de viande de bison dont les Princes Samogitiens leur avaient dit qu’elle était excellente.


Vers la fin de 1417, la Christianisation de la Samogitie devint éphémère, parce que les décisions du Concile Général de Constance n’étaient toujours pas imposées. Des révoltes se développèrent parmi les Samogitiens déçus, refusant d’abandonner leurs croyances anciennes et dirigeant leur vengeance sur les nouveaux nobles choisis par le Grand Duc Vytautas. La famille royale de Samogitie fut la première à retourner au paganisme et à jurer vengeance contre Vytautas.


(La famille Royale de Samogitie, n’accepta finalement le baptême chrétien selon la foi de Luther qu’en 1569. Le Roi fut baptisé sous le nom de Carlus Blaze (Roi Blaze) le 3.2.1569, le jour de la Saint Blaze (Blasius)).


Ils avaient appris par des amis à Constance que le Grand Duc Vytautas n’avait jamais attendu que le Concile rende une décision en faveur de la Samogitie et il en était encore plus déçu que les Croisés Teutoniques. C’est bien Vytautas qui dépensa sans compter son temps à Constance auprès d’importants officiels de Constance pour qu’ils ne valident pas l’accord en faveur de la Samogitie dans lequel il avait autant à perdre que les Croisés.


Par la suite, l’Ordre Teutonique poursuivit ses hostilités contre Vytautas et Jogailo en ce qui concernait la juridiction sur la Samogitie. Les belligérants finirent par s’en remettre à l’Empereur Sigismond du Saint Empire Romain comme arbitre. Au congrès Impérial des membres du Saint Empire Romain, qui s’est tenu à Breslau en 1420, sans que les Samogitiens n’y soient invités, l’Empereur rendit son verdict, attribuant la Samogitie à l’Ordre Teutonique.


Vytautas et Jogailo essayèrent de faire annuler ce verdict par des négociations directes et appels à la Curie Romaine – mais l’Ordre avait le support de l’Empereur et des Princes Allemands et ne voulait pas renoncer à ses exigences.


La décision fut de nouveau le fait des armes, mais des Samogitiens seuls. En 1422, les Samogitiens irrités, et en possession de toutes leurs forces attaquèrent les possessions de l’Ordre sur leur territoire et réussirent en les détruisant à pratiquement détruire l’Ordre lui aussi.


L’intelligent et opportuniste Vytautas menaça l’Empereur d’accepter la couronne de Bohème que l’Empereur convoitait pour lui-même. Cette façon d’agir amena le Grand Maitre de l’Ordre à accepter la paix alors qu’aucune aide des pays d’Europe n’était plus possible.


La paix fut négociée dans un camp militaire sur les bords du Lac Meln (Melno) en Prusse le 27 Septembre 1422. Ce pacte mis fin à la longue dispute territoriale, et ainsi l’Ordre renonça pour toujours à ses revendications concernant la Samogitie.


Certains historiens affirment que l’Ordre Teutonique ne désirait que baptiser les païens Samogitiens, alors que d’autres historiens expriment le fait que l’Ordre n’était motivé que par le désir d’un agrandissement territorial et aussi parce que la Samogitie les empêchait d’avoir un liaison directe avec l’Ordre des Portes Glaives de Livonie, en Lettonie….l’Ordre continua à poursuivre une politique acharnée pour conquérir et éradiquer ce peuple.


Mais une autre raison peu connue, et peut-être la plus justifiée pour l’Ordre, comme d’ailleurs pour le Grand duc Vytautas, de conquérir la Samogitie, serait la convoitise pour ce que révéla l’Héritier actuel du Grand Duché de Samogitie en expliquant le mystère comme suit : « Les Croisés étaient au fond de leur cœur, des pirates de territoires. Eux comme le Grand duc Vytautas étaient au courant et irrésistiblement tentés par un immense trésor caché en Samogitie….le butin de guerre pris aux Mongols de la « Horde d’Or ». Les Croisés kidnappèrent et torturèrent plusieurs personnages importants de la noblesse samogitienne pendant plus de 200 ans, recherchant en vain les endroits où serait caché ce trésor. Ce dessein est à mon avis l’objectif premier des Croisés justifiant leurs efforts pour disposer de la Samogitie.


Mais les Croisés comme Vytautas, ne surent reconnaître  l’aspect mystérieux concernant cette situation, qui aujourd’hui reste une force cachée à considérer. Cet aspect remonte à l’assassinat du Roi Ryngold en 1243 par l’avide Prince Mindaugas, qui devint plus tard, Roi de Lithuanie, parce qu’on lui refusa le partage du butin puisqu’il n’avait pas voulu participer aux batailles contre les Mongols de Gengis Khan.


Le grand Prêtre de Samogitie prophétisa alors que « ce trésor resterait intact et intouchable pendant les mille ans à venir ».


Malgré toutes les machinations des forces essayant de se procurer ce trésor envié pendant les sept siècles écoulés, il apparaît encore que la prophétie du Grand Prêtre de Samogitie pourrait  être vraie. Le temps sera le juge quand on approchera l’année 2243.









Lithuania Coats of Arms in 1415








Pierre Gochtovtt-Anglet le 26.01.2009


 

Teutonic Order Castle in Malbork (Marienburg) - Pologne